Rencontre Les crampons dans la peau
Guilène Duboc, éleveuse de montbéliardes, est passionnée du ballon rond depuis son enfance. Depuis les gradins du stade Océane au Havre, elle suit en direct certains matchs de la coupe du monde féminine.
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Mordue de football, Guilène Duboc, éleveuse de 150 vaches laitières en Seine-Maritime à Saint-Vincent-Cramesnil, a parfois essayé de comprendre d’où lui venait cette passion qui la cramponne d’aussi loin qu’elle se souvienne depuis la cour de l’école maternelle. « Mes frères ne s’y sont jamais intéressés. Peut-être mon père, qui a joué dans l’équipe communale ? », risque l’agricultrice de 32 ans qui évolue aujourd’hui en « Régional 1 » (juste en dessous de la deuxième division) dans l’équipe de Gonfreville-l’Orcher. En tout cas, elle remercie ses parents de lui avoir permis de s’adonner à ce sport. « Laissez vos filles jouer au football », lâche-t-elle comme un cri du cœur.
L’esprit d’équipe
Petite, Guilène a le ballon vissé au pied et ne tarde pas à s’inscrire au club du village avec les garçons. « Il n’y avait pas d’équipe féminine à proximité. J’ai été très bien acceptée. À tel point qu’à l’adolescence, j’ai refusé d’intégrer une équipe de filles », remarque la footballeuse. Elle laisse sa passion entre parenthèses durant quelques années. Elle rate alors peut-être un virage sportif, mais elle n’est pas du genre à reconstruire le passé avec des « si ». Guilène retrouvera les terrains, en équipe féminine cette fois, après les années lycée et notamment à l’école d’ingénieur en agronomie à Rennes. Embauchée ensuite au contrôle laitier de l’Orne comme « référente herbe », elle intègre les clubs d’Argentan, puis de Flers. Un âge d’or pour la sportive qui vit ce loisir à 100 %, enchaînant entraînements et matchs tous les week-ends.
En 2016, elle décide de revenir sur la ferme familiale. Elle succède ainsi à son père en s’associant en Gaec avec son frère, Édouard. « Il n’était pas question de tout sacrifier et d’arrêter le foot, relate-t-elle. J’ai ralenti la cadence, mais je m’entraîne une fois par semaine et je dispute tous les matchs à domicile. Sur une ferme, on pourrait travailler nuit et jour. Or, il faut trouver son équilibre et poser des limites. Avec Édouard, nous prenons chacun une soirée par semaine. » La jeune femme qui évolue en défense ou milieu de terrain croit à l’esprit d’équipe : « Je n’aurais pas envisagé de m’installer seule. Au football, c’est un peu pareil. Ce que j’aime, c’est le jeu que nous construisons ensemble et ces moments où le collectif devient plus fort que la somme des individus pris séparément. » Alexis Dufumier
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